Football
Lesage et la force de l’âgeLa patte gauche de Jean-Michel Lesage sera le principal danger pour les joueurs mulhousiens ce dimanche. Photo Damien GautierVieux routier des stades de Ligue 1 et de Ligue 2, Jean-Michel Lesage pourrait déjà se la couler douce loin des terrains. Mais à 34 ans, l’ancienne gloire du Havre court toujours et continue de faire ce qu’il a toujours su faire : marquer des buts. Le FC Mulhouse, qui s’apprête à croiser demain (15 h) la route de son équipe de Créteil en Coupe de France, est prévenu du danger.Son statut n’a jamais été celui de star ou de vedette. Son visage, reconnaissable depuis toujours par ce large front dégarni, n’a jamais squatté les plateaux télé ni les Unes de quotidiens sportifs. Et pourtant, Jean-Michel Lesage fait partie de ces joueurs qu’il est impossible de ne pas connaître, pour peu que l’on s’intéresse un tant soit peu aux choses du football français.
Jean-Michel Lesage, c’est donc un curriculum vitae, plus qu’une vague carte de visite. C’est un long parcours taillé à la force du travail et de la volonté plutôt qu’une réputation bâtie sur deux ou trois coups de génie. Et c’est surtout un de ces vrais joueurs « de club », rare et discret, bien plus qu’un mercenaire. L’intéressé aurait d’ailleurs bien voulu aller jusqu’au bout de son histoire d’amour avec Le Havre et finir ses vieux jours de footballeur dans ce club dont il a fièrement porté les couleurs durant douze saisons, tout juste entrecoupées par un passage éclair de six mois à Auxerre fin 2007. Meilleur buteur de l’histoire du club (76) et recordman du nombre de matches disputés sous le maillot du HAC (350), le milieu de terrain pensait même un peu naïvement « le mériter ». Mais le président havrais Jean-Pierre Louvel en a décidé autrement à l’été 2010, préférant miser sur la jeunesse rugissante que sur ses guiboles soi-disant vieillissantes. « C’était son choix. Que pouvais-je faire à part l’accepter ? Je ne faisais plus partie de ce nouveau cycle qu’il voulait mettre en place. Dans le monde du foot, on fait rarement des cadeaux. J’ai donc fait mes valises. » Au grand désarroi des supporters normands qui, eux, n’ont jamais oublié leur chouchou, scandant inlassablement son nom à chaque match lors d’une dernière saison 2009-2010 où il occupait plus souvent les bancs de touche que les surfaces de réparation.
Malgré un autre soutien sans faille - celui de son grand pote Nicolas Douchez, l’actuel gardien remplaçant du PSG - Jean-Michel Lesage connaît alors une période de doute et de chômage. Lui espère rebondir dans un club de Ligue 2, mais les propositions n’arrivent pas. Les contacts avec le Racing Strasbourg, eux, n’aboutissent pas non plus, poussant finalement le joueur à revenir chez lui, à Créteil, là où tout a commencé. « Au départ, ce n’était pas forcément pour y jouer. Mais après quelques semaines, je suis allé assister aux entraînements. Puis j’ai parlé avec le président et on s’est dit ‘‘pourquoi pas’’».
Le club francilien a le nez creux. D’emblée, « papi Lesage » s’éclate, cavale, distille les caviars et marque des buts. « J’ai eu cette chance tout au long de ma carrière de n’être que très rarement blessé, dit-il. J’en profite un maximum. Tant que je prends du plaisir sur un terrain, je veux jouer au foot. Si je n’étais plus motivé à l’idée d’aller disputer un match de Coupe de France en plein hiver, comme celui de ce dimanche à Mulhouse, j’aurais arrêté les frais depuis longtemps. Mais je m’éclate et je pense être encore assez performant. »
Là, les chiffres parlent pour lui. Après 19 journées en National, il occupe le 3 e rang du classement des buteurs avec 9 réalisations. Une manière pour lui d’assumer son statut de leader au sein du groupe. « Prendre la parole avant les matches, haranguer les troupes et tout ça, ce n’est pas trop mon truc. Moi je suis plutôt du genre à faire mon petit boulot dans mon coin pour être au top. J’ai toujours préféré montrer l’exemple par les actes que par la parole. Ce n’est qu’en étant irréprochable sur le terrain qu’on est crédible. »
Toujours en quête de sensations fortes, Lesage le vétéran débarquera donc au stade de l’Ill avec son éternelle âme de junior. « Jouer une grosse équipe de Ligue 1, ça ne fait pas seulement rêver les amateurs. Nous aussi ça nous fait envie. La saison passée, face à Nice, nous étions passés tout près de l’exploit (Créteil s’était incliné aux penalties). Cette année, on veut le réaliser. Perso, je suis prêt. »
JEAN-MICHEL LESAGE
Né le 1 er mai 1977 à Bourg-la-Reine (34 ans).
Taille : 1,80 m
Poids : 70 kg
Clubs successifs : Créteil (catégories jeunes), Le Havre (1998-2006), AJ Auxerre (2007-2008), Le Havre (2008-2010), Créteil (depuis 2010).
104 matches en Ligue 1 (11 buts), 226 matches en Ligue 2 (65 buts), 50 matches en National (17 buts).
Palmarès : Champion de France de L2 avec Le Havre (2008), meilleur buteur de L2 en 2006 (16 buts) et 2007 (18 buts).
le 07/01/2012 par Pierre Chatelus - L'Alsace