Football / L'avant-match : SR Colmar - FC Mulhouse en CFA (samedi, 18 h) 22, voilà Kerssane !Khalid Kerssane (à droite) : C'est avec plaisir que je vais revoir mes anciens coéquipiers et Albert Falette. » (Photo DNA - Christian Motsch)
Comme ses coéquipiers, Khalid Kerssane, défenseur central des SR Colmar, a été énorme face au FC Metz en Coupe de France. Mais le parcours de l'Auvergnat est loin d'avoir été un long fleuve tranquille.
« Ce qui ne tue pas rend plus fort. » Khalid Kerssane, 22 ans aujourd'hui même, a fait sienne cette devise de Nietzsche. « Tout ce que j'ai vécu m'a renforcé, m'a endurci », dit le jeune défenseur central au caractère affirmé. « Je suis droit, je n'aime pas l'injustice. »
« Passer pro tient
parfois à peu de choses »Il n'avait pas vraiment aimé son départ du RC Strasbourg en 2007. « François Keller m'avait fait confiance la saison d'avant, je devais rejoindre l'équipe espoir du Maroc en juin 2006 après avoir été international français chez les jeunes. Et puis, j'ai été opéré des ligaments croisés. Jean-Pierre Papin est arrivé au club. Il y avait 40 pros. Donc, il était impossible de jouer, même en équipe réserve. Passer pro tient à peu de choses. A un entraîneur parfois, à des agents pas forcément honnêtes aussi. Eux, ils te trouvent des essais que tu ne fais jamais », se force-t-il à sourire.
Alors, lassé des promesses qui n'engagent que ceux qui les croient, celui qui avait rejoint le Racing à son adolescence ira à Yzeure pas loin de Clermont-Ferrand, sa ville d'origine.
« Jouer dans ce club m'a permis de voir que la vie ne se limitait pas au foot. J'étais avec des mecs de 30 ans qui venaient s'entraîner après leur travail. Ça relativise beaucoup de choses. Je me suis ressourcé. »
« J'étais déjà
heureux de jouer »
Comme il partage sa vie avec une Alsacienne, il revient dans la région, à Mulhouse. Où, pour une raison d'homologation de contrat (refus de la DNCG de valider son contrat et celui d'Amzine), il ne pourra jouer qu'à partir du mois d'octobre après avoir été aligné lors de la première journée, match perdu sur tapis vert. « C'était ennuyeux. Je m'entraînais sans avoir l'objectif du week-end. C'est très long, trois mois sans disputer de compétition. »
Albert Falette l'utilisera d'abord comme latéral gauche - « J'étais déjà heureux de jouer » -, puis il le placera au centre de la défense, son poste de prédilection, « là où je me sens le mieux. »
Le FCM finira troisième, Khalid Kerssane, lui, finira heureux d'avoir retrouvé le plaisir d'être pris au sérieux. « J'ai beaucoup progressé grâce au coach, souligne-t-il. Je lui dois ça. »
Alors qu'il revient de vacances mi-juin de cette année, il apprend que les conditions salariales promises ont été rognées. « J'ai eu l'impression d'être pris pour un con, dit-il avant de laisser passer un sourire. Même si je suis jeune, je ne pense pas l'être. Et j'ai un peu de caractère. »
« On travaille fort tout
en ne nous prenant pas
au sérieux »Alors, il choisira de prendre le risque de ne pas signer, de se retrouver sans club, une fois de plus. « Heureusement, pendant deux mois, François Keller m'a permis de venir m'entraîner avec les jeunes du Centre de formation du Racing. »
Fin septembre, c'est lui qui le mettra en relation avec Dominique Lihrmann. « Le projet m'a tout de suite plu même si je devais renoncer à un contrat fédéral et être requalifié amateur. En quinze jours, j'ai été intégré par tous mes coéquipiers. Chacun donne le meilleur de lui-même. On travaille fort tout en ne nous prenant pas au sérieux. J'espère que ça se voit sur le terrain. La solidarité transpire. »
Il "profitera" des blessures de Mathieu Guy d'abord, de Loïc Meyer ensuite, pour s'imposer. Excellent face à Metz et depuis ses débuts sous le maillot des SR Colmar, Khalid Kerssane s'apprête à retrouver le FC Mulhouse. « Il n'y a aucun esprit de revanche, au contraire. C'est avec plaisir que je vais revoir mes anciens coéquipiers et Albert Falette. »
Il dit ça sans se forcer, dit que l'épisode Coupe de France a été vite digéré. « J'étais malade, j'avais un début de gastro. Donc, je suis vite allé me coucher. Et puis, malgré la qualification, je me suis demandé si nous avions tout fait pour éviter d'encaisser les deux buts messins. Si j'avais 35 ans, je ne dirais peut-être pas ça, mais j'ai l'âge d'être ambitieux, rigole Khalid Kerssane avant d'exposer ses priorités. Notre quotidien, c'est le championnat. C'est parce que nous sommes bons en CFA que nous sommes performants en Coupe. »
Samedi, il aura l'occasion de le prouver. On devine qu'il sera solide et précieux. Comme d'habitude.
Jean-Christophe Pasqua
Édition DNA du Ven 18 déc. 2009