L'avant-match : Montceau - FC Mulhouse (CFA, samedi 18 h)
Une si longue attente
Gilles Perianayagom, balle au pied, a vécu une saison presque blanche, sans pourtant être blessé. (Photo DNA - Sébastien Bozon)
Suspendu six mois pour avoir gravement blessé un joueur strasbourgeois le 20 septembre 2008, Gilles Perianayagom, 24 ans, a retrouvé les terrains depuis quelques semaines. Le Mulhousien veut maintenant tourner la page et reprendre le fil de sa carrière.
Cette action, Gilles Perianayagom n'est pas prêt de l'oublier. « J'ai encore la vidéo... », soupire le milieu de terrain. Nous sommes le 20 septembre 2008. Le FC Mulhouse reçoit la réserve du Racing. A la 21e minute, le Mulhousien dispute un ballon avec Mehdi Kirch. Il tacle, son adversaire s'arrête, emporté par son élan, Gilles Perianayagom ne peut l'éviter. « Le geste était spectaculaire et dangereux mais totalement involontaire. »
« Mon premier carton rouge »
Pour le défenseur strasbourgeois, la sanction est sans appel : double fracture du tibia-péroné. Elle l'est également pour Gilles Perianayagom. Carton rouge direct et suspension provisoire en attendant la décision de la commission fédérale de discipline. Celle-ci tombe le 7 novembre, elle est lourde : six mois de suspension.
« J'ai pris un coup derrière la tête. Je ne m'attendais pas à ce que ce soit aussi sévère... » Son gabarit imposant, son rôle de milieu défensif l'amènent à réaliser un grand nombre de fautes. « A mon poste, on est obligé de prendre des cartons jaune », explique l'ancien pensionnaire du centre de formation de Guingamp, tout en réfutant l'image de joueur violent. « C'était mon premier carton rouge depuis l'âge de 15 ans ! »
Privé de compétition jusqu'au 21 mars 2009, le foot se résume alors pour lui aux entraînements. « J'ai essayé de faire en sorte que chaque séance devienne "un match". Il n'y avait plus que ça à faire... Ma chance, c'est que le staff et mes coéquipiers m'ont beaucoup soutenu. »
Le pardon de sa "victime" lui a aussi permis de mieux traverser l'épreuve. « J'ai encore pris des nouvelles récemment et j'étais allé le voir à l'hôpital après son opération. Il sait que je n'ai pas fait exprès. Ça déculpabilise... »
Lors de sa première saison à Mulhouse, en 2007-2008, Gilles Perianayagom avait été absent quatre mois en raison d'une blessure à la cheville. « Mais ce n'est pas du tout pareil. La suspension, c'était plus dur. J'aurais préféré être blessé, au moins dans ce cas-là on n'est pas en capacité de jouer... »
Car lui est en mesure de jouer. Il prend d'ailleurs part aux matches amicaux du FCM, dont celui face à Belfort le 20 janvier. Une rencontre où il va « péter les plombs ». « Un adversaire (Dimitri Lienhard, ndlr) s'est essuyé les crampons sur moi, j'ai mal réagi en lui donnant un coup de pied et il s'est cassé le bras en tombant. » La frustration de la suspension ? « Ce n'est pas une excuse... »
La plainte du joueur belfortain, la sanction financière du FCM l'ont à nouveau déstabilisé. « C'était traumatisant. Les journaux en ont parlé, j'ai été placé en garde à vue (pendant quelques heures après l'incident). Mais j'ai été relaxé, je préfère oublier cette histoire. »
« Six mois très durs moralement »
Drôle de saison que la sienne. Il a ensuite dû attendre la venue de la réserve sochalienne, le 4 avril, pour retrouver les joutes du CFA. « Cette suspension m'a coupé dans mon élan. Je montais en puissance et j'avais la confiance de l'entraîneur », explique le joueur, qui a repris sa place dans le groupe mulhousien, étant même titularisé à Raon-l'Étape le week-end dernier.
Cet épisode ne l'a pas changé mais endurci. « Cela a été six mois très durs moralement. Il faut faire avec et aller de l'avant. » La suspension n'a pas eu non plus d'influence sur son jeu.
« Maintenant, quand je dois tacler, j'essaie d'être sûr de moi. Mais sur le terrain, je mets toujours le même engagement et la même intensité dans les duels. Il ne faut pas tergiverser, sinon on n'avance plus. Moi je veux continuer à avancer. »
Simon GiovanniniÉdition du Ven 17 avril 2009